Anax ephippiger, migration 2011

En écho à l'article de Noushka sur la Migration des Libellules, voici une prolongation relative à cette espèce, ces pages sont issues de Martinia, la revue scientifique de la Société Française d'Odonatologie, qui a consacré à ce sujet son numéro hors série de mai 2013.
Présentation générale de l'espèce, par Philippe Lambret et Jean Pierre Boudot:
 " Nous rappelons certaines caractéristiques, afin de mieux comprendre le comportement migrateur de cette espèce. Son aire d'occurrence s'étend du sud de l'Afrique, au nord de l'Europe et à l'Inde. L'espèce est indigène dans les zones tropicale et méditerranéenne, où la larve se développe rapidement et préférentiellement dans les eaux peu profondes, qu'elles soient temporaires ou permanentes. L'espèce est un migrateur obligé qui quitte très tôt son site d'émergence, au début du stade post-ténéral. Lors d'émergences massives, d'importantes migrations, émaillées d'épisodes  de reproduction, conduisent l'espèce, très au nord et à l'ouest, si bien que celle-ci a été observée jusqu'en Islande, en Asie centrale, en Guyane et dans les Caraïbes. Ces migrations à longues distances, apparaissent très largement être des déplacements passifs favorisés par des vents soutenus soufflant durablement dans une direction constante. En Afrique, les migrations prennent place principalement de septembre à novembre sous l'impulsion des émergences massives faisant suite aux pluies de mousson d'été. Elles sont observables tout au long de l'hiver le long de la côte atlantique africaine, donnant lieu à des pontes et à une nouvelle génération dans les sites favorables, puis se poursuivent, toujours en hiver et au début du printemps, plus au nord en l'Europe occidentale. Plus à l'intérieur des terres, où la barrière atlasique ne peut être franchie en hiver, de fortes concentrations d'imagos s'attardent au Sahara durant la saison froide. Ils reprendront leur migration vers le nord au printemps. Ces deux voies de migrations, côtière et continentale, laissent régulièrement des pontes conduisant à de nouvelles émergences en Afrique, en Europe méditerranéenne, et parfois en Europe centrale... "
Ecologie :
 " Cette espèce est un migrateur obligé, qui se reproduit dans les milieux lentiques permanents ou temporaires, en eau douce ou saumâtre, il fréquente surtout les milieux ouverts. La ponte a lieu, généralement en tandem, dans des végétaux flottants ou morts, et dans le sol humide, soulignant le caractère opportuniste de l'espèce."
Cycle de vie et migration:
 " Le développement larvaire est rapide et est estimé durer de 70 à 120 jours. Les pontes et les émergences sont synchrones, et des émergences massives semblent provoquer la formation d'essaims migratoires importants.
Ce caractère de migrateur obligé, peut être interprété comme étant une adaptation au climat général de la zone intertropicale, où les mares remplies par les pluies de mousson s'assèchent rapidement et ne permettent pas une sédentarisation des espèces reproductrices tout au long de l'année.
Au printemps les groupes bloqués au Sahara, reprennent leurs déplacements vers le nord, et cette deuxième vague migratoire atteint l'Europe, après avoir traversé la Méditerranée, au cours de ce transit, l'espèce se reproduit régulièrement dans la zone méditerranéenne, Magreb, péninsule ibérique, littoral méditerranéen  français, Italie, Grèce... "
Bilan de la migration en France 2011, par Philippe Lambret, et Clémence Deschamps:
 " L'afflux migratoire qu'a connu l'Europe occidentale, et particulièrement la France, est sans précédent connu. 177 observateurs (dont j'ai fait partie), ont pu recueillir 560 données en France, réparties dans 57 départements et correspondant à 18 régions. La majorité des données a été récoltée entre avril et juin, une deuxième vague a été notée de juillet à novembre, avec parfois l'observation d'un millier d'individus provenant du sud... En France, ils se sont répartis dans divers milieux d'eau stagnante, étangs, gravières végétalisées, lacs. "


Voici quelques clichés témoignages, réalisés sur le site de Moliets (40) et au parc du confluent (31) deux des nombreux sites où j'ai pu les observer.

Et les trois qui suivent sont datés de cette année, puisque j'ai eu le plaisir de le revoir au parc des Aiguamolls d'Emporda, à proximité de Rosas en Catalogne espagnole, mais là, il était dans son élément géographique !

Encore un grand merci aux rédacteurs de la revue Martinia, sans lesquels, cet article n'aurait pas été possible

Alain, qui attend bien sûr, la prochaine migration de pied ferme ! ;-)