La migration des libellules

La plupart des espèces ne se déplacent que de quelques kilomètres autour de leur lieu d'émergence; toutefois certaines sont des "pionnières" et vont parcourir de bien plus grandes distances pour coloniser de nouveaux sites de reproduction. La migration des libellules n'a pas encore été étudiée avec précision et pour cause... Allez les suivre sur quelques dizaines de kilomètres et vous m'en direz des nouvelles!
Il est estimé que seulement 25 à 50 des 5200 odonates recensés dans le monde sont migrateurs.
Ce qu'on sait c'est qu'elle est très liée à celle des oiseaux qui migrent en suivant les côtes, probablement parce qu'elles sont une source sûre de nourriture pour les insectivores.

Les libellules se préparent à la migration en accumulant des réserves de graisse, comme beaucoup d'autres insectes et d'oiseaux.

Le cas de l'Anax cyclope - Anax junius

C'est l'une des 9 espèces migratrices connues aux USA.

Une partie seulement de ses populations est migratrice; celles qui vivent au nord y restent et se reproduisent localement tandis que les sudistes remontent du sud pour pondre plus au nord et la génération suivante retourne ensuite vers le sud, parcourant ainsi plusieurs centaines de kilomètres à chaque trajet - voir explications détaillées en anglais [ICI..]. 

 Ils migrent exclusivement de jour par des vents à moins de 25 km/H, quelque soit la direction de ces vents et seulement après 2 nuits successives de basses températures.
 

Photo Wikipedia

Certaines années quelques individus ont même été retrouvés sur les côtes bretonnes, portés par les vents d'altitude mais trop affaiblis pour se reproduire.

Sciencedaily.com

Aux USA il a fait l'objet d'un suivi avec un émetteur placé sous certains de ces Anax. Les résultats sont stupéfiants: certains parviennent à voler 140 km par jour!
Pour les explications détaillées et passionnantes voir leur rapport [ICI...].





Le Sympêtre à nervures rouges (S. fonscolombii) est également un grand voyageur:
 

tout comme la Libellule à quatre taches (libellula quadrimaculata)...
 

 

et l'Hemianax ephippiger dont 2011 était une année exceptionnelle pour leur migration en France et dont Alain a été le témoin:

Photo Alain Cochet

 Voici enfin le cas passionnant de La Globe Trotteuse (Pantala flavescens), une espèce commune dans les régions tropicales traversées par l’équateur, mais les populations de cette espèce que l'on retrouve dans les pays qui bordent l'océan indien ont un cycle migratoire très particulier.

Wikipedia

Ces toutes dernières années, Charles Anderson, (voir la vidéo sous-titrée en français [ICI...]) un biologiste marin anglais qui travaille aux Maldives depuis 26 ans a noté l'apparition de millions de libellules de cette espèce qui survenait toujours à un moment précis chaque année.
Ayant des contacts en Inde il a posé des questions pour savoir si elles avaient été remarquées sur le continent aussi et à quelles dates... Les réponses concordaient! L'eau douce manquant totalement sur les îles des Maldives, il s'est demandé alors pourquoi elles passaient par là.
 Quand la saison arrive, elles sont aperçues presque chaque année précisément le 24 septembre à Bangalore, 12 octobre à la pointe sud de l'Inde, le 17 octobre au nord des Maldives, le 21octobre à Malé et enfin le 7 novembre au sud de l'archipel. Elles venaient donc du continent, mais avec la mousson du nord-est, poussées par les vents mais pour aller où... Vers l'est de l'Afrique. Ses contacts sur place lui ont confirmé l'apparition de ces libellules à la suite de la pluie au
Kenya avec l'arrivée des premières pluies estivales; les Globe trotteuses sont au RV: les femelles pondent dans les mares et leur cycle de vie étant très court, les larves émergent seulement quelques semaines plus tard en tant que libellules.
Pendant ce temps, les pluies se dirigent plus au sud vers l'Afrique australe de l'est et cette génération va partir à leur suite pour pondre la suivante qui refera le trajet inverse vers le Kenya pour pondre à son tour et cette dernière reprendra les courants inverses de la mousson du sud-ouest pour gagner l'Inde, achevant ainsi le cycle en 4 générations et sur 16.000 km, tournant autour de l'océan indien pour suivre les pluies.
C'est la seule plus migration d'insectes de cette importance connue à ce jour.

Ces odonates sont suivis par le Faucon de l'Amour dont la migration n'est pas moins étonnante... Celle-ci s'étend de l'embouchure du Fleuve Amour en passant par les côtes de la Chine et par l'Inde pour arriver enfin dans les régions du sud-est de... l'Afrique australe! Eh oui, en même temps que Pantala flavescens!

Et ils ne sont pas les seuls.

Le Faucon hobereau,

Photo Wikipedia

Le Coucou jacobin (Clamator jacobinus),  

Photo Wikipedia

et le Rollier indien (Coracias benghalensis) parmi d'autres font partie du voyage!

Photo Wikipedia

 To our english speaking readers: Please be patient, I will translate this post in english later, no time now!

 

Noushka